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Nous devons adopter l’innovation canadienne – voici pourquoi. Un entretien avec Yung Wu

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Yung Wu, chef de la direction de MaRS Discovery District, traite des défis à relever dans le secteur canadien de la technologie et des risques associés à l’absence de commercialisation de nos propres technologies.

Contributors : Yung, quand on pense à l’innovation, quel est le plus grand défi à relever au Canada aujourd’hui?

Yung : Je ne pense pas que le Canada ait un problème sur le plan de l’innovation, mais je pense que nous avons un problème sur le plan de l’adoption de l’innovation canadienne, ce qui est directement lié à l’échelle. Le Canada se classe au deuxième rang parmi les pays les plus innovants en matière de l’écotechnologie, juste derrière les États-Unis. Chaque année, l’entreprise Global CleanTech située à San Francisco sélectionne les 100 meilleures entreprises innovatrices en matière de l’écotechnologie. Le Canada compte généralement de 15 à 16 pour cent des entreprises qui figurent sur cette liste au cours des trois ou quatre dernières années que je suis ici. Actuellement, nous ne représentons qu’un demi pour cent de la population mondiale alors c’est évident que nous avons un impact asymétrique du point de vue de l’innovation. Pouvons-nous adopter nos propres technologies? Il semble que la plupart de nos entreprises trouvent leur place sur les marchés à l’extérieur du Canada.

Contributors : Je sais que tu te consacres à quatre secteurs d’activité : l’écotechnologie, la santé, la technologie financière et les logiciels d’entreprise. Pourrais-tu nous parler un peu des risques associés à ces quatre-là si nous ne sommes pas capables d’exploiter le dynamisme des innovateurs? À quoi cela ressemble-t-il dans ces quatre domaines?

Yung : Je peux peut-être y répondre de manière générale. Lorsque je réfléchis à l’économie de l’innovation, je pense qu’elle se développe à partir des entreprises en démarrage et des entreprises évoluées qui dépendent sur la propriété intellectuelle ou qui utilisent les solutions proposées par les innovateurs. Je crois qu’au Canada déjà, on considère l’ensemble de l’économie de l’innovation comme un secteur distinct. Ce secteur représente déjà 12 % du PIB et 10 % du nombre total d’emplois au Canada. En effet, sa croissance est de trois à six fois supérieure à celle de tout autre secteur au Canada que tu peux nommer, que ce soit le pétrole et du gaz, la foresterie ou les mines. La croissance de notre secteur est de trois à six fois supérieure à celle de tous ces secteurs, surtout en sortant de la pandémie. Je dirais que la situation dans laquelle nous entrons et dans laquelle nous ressortons ne ressemblera pas aux activités habituelles qui existaient il y avait 17 mois. Il y a des transformations qui se sont produites, au cours des 17 derniers mois, qui deviendront généralisées et qui perdureront. Notre incapacité à commercialiser des technologies ou des innovations transformatrices représente une perte pour le Canada. C’est une perte pour le monde, c’est une perte pour nos familles et nos communautés.

Contributors : Tu m’as réellement marquée en évoquant le taux de croissance dans le secteur de l’économie des technologies et de l’idée qu’il croît à un rythme de trois à six fois supérieur à celui des autres secteurs. À ton avis, que manque-t-il à la communauté pour susciter un réel intérêt pour les autres secteurs et pour l’adoption de ces genres de technologies?

Yung : De mon point de vue, la réponse revient à l’idée que nous n’avons pas de problème sur le plan de l’innovation, mais plutôt sur celui de l’adoption de l’innovation canadienne. Il existe un moyen par lequel nous pouvons assumer un peu plus de risques dans le cadre du baromètre des risques afin de réaliser un rendement important. Si nous appliquons les principes de gestion du risque en matière de l’approvisionnement ou, en toute honnêteté, toute culture d’entreprise, si nous appliquons ces principes au maximum, on n’adopte essentiellement aucune innovation, mais cela pourrait représenter le plus grand risque de tout. Tu ne sais pas ce qui t’attend, tu n’as qu’une vision du monde par le biais du rétroviseur et tu ne vois pas ce qui se passe devant toi.

Écoutez la suite des propos de Yung ici.

La transcription de cet entretien avec Yung a été légèrement modifiée pour des raisons de clarté et de concision.